Login

Viande bovine « On est arrivé au bout de la résilience des élevages »

Selon la fédération nationale bovine (FNB), l’élevage allaitant est à la croisée des chemins. Sans véritable stratégie pour ramener de la valeur dans les fermes, le renouvellement des générations ne se fera plus. Le syndicat fustige l’immobilisme de certains opérateurs de l’aval, malgré les engagements pris au travers du plan de filière.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

« Le nombre de vaches allaitantes a baissé de 6 % entre juin 2016 et septembre 2018, introduit Bruno Dufayet, le président de la FNB, lors d’une conférence de presse le 23 janvier. En juin 2019, le cheptel pourrait avoir chuté de 10 % sur trois ans, du jamais vu. » Selon le syndicat, ce « basculement » est en partie lié aux « très bas revenus constatés depuis cinq ans », menaçant la résilience des élevages.

 

« Les estimations de revenus de 2018 sont encore à la baisse par rapport au 13 000 € de 2017 et il n’y a pas de signaux positifs. Avec un prix moyen autour de 3,50 €/kg de carcasse (kgc), il manque 0,80 à 1 €/kgc pour couvrir les coûts de production. » Une situation qui paraît d’autant plus incompréhensible aux yeux des responsables syndicaux que la consommation de viande bovine a augmenté de 2,2 % en 2018 et que « les animaux se vendent actuellement rapidement ». « Tous les signaux sont au vert mais les prix ne sont pas revalorisés, constate le président. Ce n’est donc pas le marché qui dicte le prix payé au producteur, mais la volonté des acteurs. »

« Certains défendent l’immobilisme plutôt que le progrès »

Malgré l’urgence, « nous avons du mal à avancer, déplore Bruno Dufayet. Le travail interprofessionnel sur l’indicateur de coût de production est bloqué par deux familles. La Fédération du commerce et de la distribution (FCD) considère qu’il ne faut pas intégrer la rémunération de l’éleveur dans le coût de production. De son côté, Culture Viande, le syndicat majoritaire des abatteurs, est d’accord pour valider un indicateur si nous lui donnons la possibilité de ne pas l’utiliser au travers de ses contrats… »

 

« Notre interprofession a 40 ans et à toujours eu des difficultés à traiter des sujets économiques. Ce n’est pas parce qu’une loi est votée que les attitudes et les postures vont changer. Clairement, tout le monde ne souffre pas de la même façon au sein de notre filière, sinon nous serions tous dans un esprit de construction. »

 

« L’échec des relations interprofessionnelles va nous amener à changer de posture », prévient Bruno Dufayet, en ajoutant étudier les façons de recourir à la loi pour faire pression sur les discussions.

« Bigard n’a pas intérêt à développer une stratégie à l’exportation »

La FNB dénonce également l’absence d’une vraie stratégie de la filière à l’international. « L’exportation de volumes importants de marchandise fait bouger automatiquement les prix du marché intérieur, explique Bruno Dufayet. Or le groupe Bigard à plutôt une stratégie centrée sur le marché intérieur. Il n’a donc aucun intérêt à développer l’exportation et contraint Interbev et la plateforme France Viande Export à l’immobilisme. »

 

À titre d’exemple, le président rapporte la position de Jean-Paul Bigard vis-à-vis du marché chinois. « Il estime qu’il n’y a aucune perspective, hormis sur les abats et peut-être à moyen terme sur le steak haché, alors que nous y voyons de vraies opportunités pour la viande de qualité. C’est ce genre d’attitude qui génère le blocage. »

 

Cependant, « de petits acteurs sont prêts à aller sur des marchés extérieurs rémunérateurs. Nous aurons besoin des pouvoirs publics pour créer une structure qui fédérera les bonnes volontés. »

 

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement